L’équipe de Guido Kroemer tient la clé pour pousser le système immunitaire à accompagner la chimiothérapie dans son combat. La Fondation a soutenu son installation au centre de Paris.

Une cellule cancéreuse peut mourir de deux façons : dans le silence ou dans un « vacarme » qui alerte le système immunitaire de l’hôte.

L’équipe de Guido Kroemer s’intéresse de très près à la seconde option, nommée mort immunogène. Dans ce cas, les globules blancs affluent sur le lieu de la tumeur pour endiguer la prolifération des cellules cancéreuses encore vivaces. En fonction du stimulus létal, cette réponse peut être déclenchée ou non. Ainsi, un traitement chimiothérapeutique adapté permettrait de rompre la tolérance du système immunitaire de l’hôte envers la tumeur et de le faire participer activement à la guérison.

Par ailleurs, il n’y a pas deux tumeurs ou deux patients identiques. L’équipe offre de nouvelles perspectives en médecine personnalisée en analysant les spécificités génétiques susceptibles de perturber l’efficacité de la chimiothérapie. Depuis l’obtention du Prix Coup d’élan pour la recherche française, les paramètres intrinsèques de la tumeur, de l’hôte, et du dialogue entre les deux ont été décodés par l’équipe pour des milliers de cancers humains. Une série de facteurs influençant le déclenchement de la réponse immunogène a été identifiée.

Installée depuis 2013 dans les locaux – rénovés et équipés grâce au Prix Coup d’élan pour la recherche française – du Centre de recherche des Cordeliers, l’équipe continue à explorer les mécanismes par lesquels le système immunitaire peut être engagé dans le traitement du cancer.

Guido Kroemer en quelques mots

L’apoptose, ou mort cellulaire programmée, est au centre des recherches de Guido Kroemer. En 1995, il est le premier à observer l’importance de la perméabilisation de la mitochondrie dans la mise en route de ce processus. Cette découverte est alors très surprenante pour la communauté scientifique. En effet, la mitochondrie était jusque-là connue uniquement pour son rôle dans le métabolisme énergétique de la cellule.

Depuis cette contribution fondamentale aux connaissances en biologie cellulaire, Guido Kroemer a décrypté de nombreuses autres étapes de l’apoptose. Il a notamment décrit les protéines qui contrôlent la perméabilisation de la mitochondrie. Sa découverte de l’existence de deux types d’apoptose, immunogène et non-immunogène, se place une fois encore à contre-courant du dogme actuel. Ces différences biochimiques subtiles alimentent la recherche.

Prix Bettencourt Coups d’élan pour la recherche française

Le Prix Coups d’élan pour la recherche française a été créé par la Fondation en 2000, il a récompensé 78 laboratoires français et plus de 900 chercheurs ont bénéficié de ce prix. Jusqu'en 2021, ce prix était attribué chaque année à quatre équipes de recherche, relevant de l’Inserm et de l’Institut des sciences biologiques du CNRS. La dotation du prix était de 250 000 euros par laboratoire lauréat.

Tous les lauréats du prix