Le Prix Bettencourt Coups d’élan pour la recherche française 2003 a récompensé Alain Filloux, titulaire de la chaire de microbiologie moléculaire à l'Imperial College of London (Royaume-Uni), pour ses recherches menées sur les causes des maladies nosocomiales.

Une bactérie responsable décelée

L’équipe d’Alain Filloux étudie un pathogène opportuniste de l’homme, responsable d’infections nosocomiales de plus en plus fréquentes. La compréhension du contrôle génétique de la production des facteurs de virulence sont des étapes indispensables à la conception de nouvelles stratégies afin de contrôler l’infection bactérienne. La bactérie opportuniste Pseudomonas aeruginosa est l’objet des recherches de l’équipe d’Alain Filloux. Parce qu’elle est présente dans le sol, l’eau ou encore la végétation, il est difficile de l’éviter. Responsable de nombreuses infections nosocomiales chez les patients immuno-déprimés, elle est fatale pour les malades de la mucoviscidose.

Une lecture plus fine à la lumière de hautes technologies

Alors à l’Institut de microbiologie de la Méditerranée, l’équipe d’Alain Filloux a été soutenue par la Fondation pour la réalisation de travaux de rénovation et l’acquisition des gros équipements afin de mener à bien l’étude des processus biologiques mis en œuvre par P. aeruginosa dans les infections chroniques. Deux mécanismes moléculaires principaux sont impliqués : la formation de biofilms et la sécrétion de protéines extracellulaires. Lorsqu’elles sont associées en biofilms, les bactéries sont bien plus résistantes aux attaques du système immunitaire et aux antibiotiques que lorsqu’elles vivent indépendamment. Les chercheurs de l’équipe d’Alain Filloux caractérisent chez P. aeruginosa les molécules qui régulent la formation de ces biofilms responsables d’infections bactériennes chroniques. Par ailleurs, leur étude du système de sécrétion de type VI permet de comprendre comment les bactéries libèrent et injectent les molécules nécessaires à leur pathogénicité. Récemment, l’équipe a dévoilé une structure faisant partie de ce système de sécrétion qu’utilise P. aeruginosa pour injecter des toxines à des bactéries compétitrices. Cette découverte ouvre de nouvelles perspectives dans notre guerre contre les pathogènes.

Alain Filloux en quelques mots

Alain Filloux, microbiologiste formé à Marseille, emploie ses talents à l’étude des sécrétions protéiques bactériennes depuis ses débuts. Pseudomonas aeruginosa est déjà son modèle de choix durant sa thèse. Son post-doctorat aux Pays-Bas l’amène à découvrir que dans la grande famille des bactéries gram moins, à laquelle appartient P. aeruginosa, des mécanismes communs régulent le fonctionnement du transport de molécules à travers la membrane plasmique.

Cette découverte implique que les systèmes de sécrétions qui siègent à la base de la pathogénicité des bactéries gram moins peuvent être modélisés. Après avoir occupé le poste d’assistant professeur à l’Université d’Utrecht, il revient en France et poursuit ses recherches sur cette bactérie opportuniste. Treize années au CNRS lui permettent de développer les connaissances sur l’écologie et la sécrétion de cette bactérie. Il continue désormais son œuvre à l’Imperial College de Londres.

Prix Bettencourt Coups d’élan pour la recherche française

Le Prix Coups d’élan pour la recherche française a été créé par la Fondation en 2000, il a récompensé 78 laboratoires français et plus de 900 chercheurs ont bénéficié de ce prix. Jusqu'en 2021, ce prix était attribué chaque année à quatre équipes de recherche, relevant de l’Inserm et de l’Institut des sciences biologiques du CNRS. La dotation du prix était de 250 000 euros par laboratoire lauréat.

Tous les lauréats du prix