L’art et la culture constituent des outils précieux pour l’épanouissement des enfants mais ils contribuent aussi à leur réussite scolaire et leur insertion sociale. Fortes de cette conviction, trois associations ont développé de remarquables programmes de sensibilisation, y compris pour les tout-petits. Des actions aussi concrètes qu’efficaces, largement soutenues par la Fondation Bettencourt Schueller.

Association Saint-Exupéry, l’art et la culture pour les tout-petits

Chaque année, près de 30 000 enfants de 0 à 5 ans bénéficient d’une mesure de protection de l’enfance ; la moitié placée dans des familles d’accueil, l’autre dans des pouponnières sociales à l’image du Village Saint-Exupéry (Maine-et-Loire) où le Dr Daniel Rousseau exerce depuis plus de 30 ans. C’est là que ce pédopsychiatre a mené une remarquable étude publiée en 2019 autour du devenir de 129 enfants de moins de 4 ans, accueillis dans le centre entre 1994 et 2001. « Les résultats ont montré une grande disparité dans les trajectoires, explique-t-il. 25 % d’entre eux mènent aujourd’hui une vie normale, 50 % présentent des signes de mal-être (anxiété, solitude) tandis que les 25 % restant vivent une situation problématique, désocialisés et dépendant des aides publiques ».

L’enquête mettait en évidence les effets à long terme de la maltraitance infantile (selon sa durée, sa gravité) mais également l‘efficacité de différents dispositifs de protection. Cette dernière observation a constitué le point de départ d’un ambitieux projet coordonné par le Dr Rousseau, lancé dans la foulée de l’étude et destiné à améliorer la prise en charge des plus jeunes. Prévu pour 5 ans et dans 13 départements, ce programme baptisé Pégase prévoit de nouveaux protocoles dans les suivis de santé et s’attache aussi au développement de l’enfant.

« Faute de moyens financiers, l’accompagnement des tout-petits se limite souvent aux soins psychologiques et sanitaires. Or, on sait que l’art et la culture sont des outils très précieux pour favoriser leur éveil et leur épanouissement. Ils constituent des éléments irremplaçables de leur insertion future, scolaire et sociale. »

En images : le nouveau centre départemental de l'enfance

Dans le prolongement de ce projet, le Dr Rousseau a mis en place des activités régulières, tout au long de l’année, dans les 13 pouponnières qui participent à l’expérience : atelier contes, musique ou cuisine ; organisation de spectacles et de fêtes…

​« Le but est de déclencher une première émotion artistique −toucher un instrument, laisser une trace avec de la peinture− mais l’objectif est aussi de partager quelque chose avec un adulte : un regard, un rire, des premiers mots… »

Encadrées par des animateurs sous la houlette des maternants, ces expériences sont réalisées grâce au soutien exclusif de la Fondation Bettencourt Schueller. Une initiative pionnière qui s’annonce déjà très prometteuse avant, on l’espère, une généralisation de ce programme s’il est jugé satisfaisant.

Association IM’PACTES, à chaque âge son soutien et ses découvertes

« Rêver son futur, rêver sa vie professionnelle et personnelle n’est possible pour un enfant que si on l’accompagne au mieux. Pour cela, il faut lui donner le meilleur accès aux soins, le soutenir dans sa scolarité et lui offrir une vie culturelle riche, premier facteur de liberté et d’inclusion. »

C’est avec cette conviction que le Dr Céline Gréco, chef de service à l’hôpital Necker-Enfants Malades et présidente de l’association IM’PACTES, a réuni autour d’elle une équipe ultra-motivée pour lancer le projet du même nom, destiné à accompagner des jeunes de 5 à 25 ans, stimuler leurs talents et les aider à développer confiance en eux et en l’avenir. Mis en place via une vingtaine de structures à Paris et en Ile-de-France, ce projet se déploie autour de trois programmes pensés au plus près des désirs et des besoins des enfants :

  • Destiné aux enfants de 5 à 12 ans, « Découverte » s’articule autour de l’accompagnement personnalisé, de 1 à 3 heures par semaine, d’un jeune par un parrain ou une marraine bénévole ; le temps d’aider aux devoirs, de jouer ensemble ou d’organiser une visite à l’Opéra Bastille, la Galerie de l’Evolution ou la Cité des Sciences.
  • Pensé pour les 13-18 ans, « Ambition » réunit 2 heures de mentorat par mois, un soutien scolaire par petits groupes, des ateliers d’expression artistique et des sorties et des intraculturels, sans compter une sensibilisation au monde professionnel avec des visites d’entreprises et des stages rémunérés.
  • Plus ancré encore dans l’univers professionnel, le programme « Avenir » des 18-25 ans propose 2 heures de mentorat par mois mais aussi des bourses d’études, des séances de job dating pour décrocher un premier emploi et, bientôt, le financement du permis de conduire.

Pour que ces actions s’inscrivent sur le temps long, chaque programme inclut aussi le « Grand projet de l’année » pensé là encore selon les tranches d’âge avec « Le métier de mes rêves » pour les plus jeunes ou la création d’un « Café des anciens » pour les 18-25 ans, qui ouvrira à Paris en octobre prochain. Une expérience à la fois très élaborée et très concrète, soutenue par la Fondation Bettencourt Schueller depuis ses débuts.

Im’pactes

Donner aux enfants placés les clés d'un avenir meilleur et la possibilité de rêver à nouveau : telle est l'ambition de l'association Im'pactes. Soutenue par la fondation des Hôpitaux, cette association a vu le jour en 2021 à l...

Môm’artre, avec les « enfants de la grande exclusion »

Ils ont entre 4 et 15 ans, vivent dans des foyers de l’Aide sociale à l’enfance, des hébergements d’urgence, des hôtels sociaux où les familles entières ne disposent souvent que d’une seule pièce. La plupart des enfants vont à l’école mais n’ont accès à aucune activité après la classe, parenthèse qui leur permettrait pourtant d’alléger leur quotidien, de s’ouvrir au monde et d’exprimer leurs émotions. Face à ce constat, l’association Môm’artre a choisi, en 2022, d’élargir ses champs d’action en faveur de ces enfants « de la grande exclusion ». Créée en 2001, cette structure se fixe pour mission de réduire les inégalités culturelles en sensibilisant à l’art des jeunes (de 0 à 18-20 ans) principalement des quartiers populaires, via des ateliers organisés après l’école dans l’une des 9 antennes de l’association, présente en Ile-de-France et à Nantes.

  • Enfants dans une antenne du réseau Môm'Artre, à Paris, en septembre 2014.
    ©Augustin Détienne/CapaPictures
  • © Augustin Détienne/CapaPictures
    Enfants dans une antenne du réseau Môm'Artre, à Paris, en septembre 2014.
    ©Augustin Détienne/CapaPictures
  • Enfants dans une antenne du réseau Môm'Artre, à Paris, en septembre 2014.
    ©Augustin Détienne/CapaPictures
  • Enfants dans une antenne du réseau Môm'Artre, à Paris, en septembre 2014.
    ©Augustin Détienne/CapaPictures
  • Enfants dans une antenne du réseau Môm'Artre, à Paris, en septembre 2014.
    ©Augustin Détienne/CapaPictures

Les équipes - accompagnées de bénévoles du quartier- prennent en charge les enfants à la sortie des classes et assurent l’aide aux devoirs avant l’arrivée d’animateurs spécialisés qui encadrent des ateliers théâtre, peinture, sculpture, danse... Ces activités sont également proposées le mercredi et complétées, durant les vacances scolaires, par des stages et des sorties, le tout pour des tarifs modiques et adaptés aux revenus des parents. Grâce au soutien de la Fondation Bettencourt Schueller, Môm’artre accueille également − depuis septembre 2022 − des enfants en grande fragilité, identifiés par des partenaires locaux (ASE, établissements scolaires…). Cette rentrée, ils sont 50 à participer gratuitement à ces ateliers, un soir par semaine et pour deux stages d’une semaine durant les vacances scolaires.

« Une initiative qui contribue à l’épanouissement de ces enfants en grande précarité, favorise leur intégration dans leur quartier dans une vraie volonté de mixité sociale, et participe, très concrètement, à leur réussite scolaire et sociale », assure Julie Colpin, de l’association Môm’artre.

Môm’artre

Donner une place à l’art après l’école. Môm’artre accueille les enfants après l’école et les éveille à l’art et à la culture.