Les cassures de l’ADN, qui représentent une menace pour la stabilité du génome, sont constamment réparées de manière fiable par la cellule. Un de ces mécanismes de réparation s’avère être un allié de certaines cellules cancéreuses. Raphaël Ceccaldi et son équipe cherchent à tout savoir sur la réparation des cassures de l’ADN dans ces cellules, afin d'améliorer les stratégies thérapeutiques pour le traitement du cancer.

Des cassures qui menacent la stabilité du génome

L’ADN de nos cellules subit régulièrement des dommages. Les cassures touchant les deux brins de la double hélice figurent parmi les plus toxiques. Ces cassures peuvent être générées par des sources externes à la cellule (exposition aux radiations, molécules chimiques...) ou internes (radicaux libres, erreurs pendant la réplication de l’ADN). Si elles ne sont pas réparées, elles menacent la stabilité du génome, pouvant entraîner des erreurs dans le code génétique aux conséquences graves, telles que le développement de cancers. 

La réparation de ces cassures dépend de l'activité de multiples mécanismes de réparation de l'ADN tout au long du cycle cellulaire, le processus qui permet aux cellules de se diviser. Par exemple, au cours de la phase du cycle pendant laquelle la cellule croît, double son matériel génétique et se prépare à se diviser en deux cellules filles, les cassures de l’ADN sont principalement réparées par des mécanismes appelées « jonction non homologue » et « recombinaison homologue ». 

Ces deux mécanismes sont complètement inhibés pendant la mitose, phase suivante du cycle cellulaire où le matériel génétique est partagé entre les deux cellules filles, afin d’éviter des problèmes graves lors du partage. Pourtant, la réparation de l’ADN pendant la mitose n’est pas totalement absente.

  • La polymérase thêta s’accumule (points verts) au niveau des lésions de l’ADN.
    © Ceccaldi lab / Institut Curie.
  • Raphaël Ceccaldi dans son laboratoire à l'Institut Curie (Paris).
    © Alexandre Darmon / Art in Research
  • Dans le laboratoire de Raphaël Ceccaldi à l'Institut Curie (Paris).
    © Alexandre Darmon / Art in Research
  • Raphaël Ceccaldi dans son laboratoire à l'Institut Curie (Paris).
    © Alexandre Darmon / Art in Research
  • Dans le laboratoire de Raphaël Ceccaldi à l'Institut Curie (Paris).
    © Alexandre Darmon / Art in Research
  • Dans le laboratoire de Raphaël Ceccaldi à l'Institut Curie (Paris).
    © Alexandre Darmon / Art in Research

Un mécanisme de réparation indispensable à la survie des cellules cancéreuses

En 2023, l’équipe de Raphaël Ceccaldi a découvert que la survie des cellules tumorales dépend de la réparation des cassures de l’ADN durant la mitose. Ceci est particulièrement vrai dans les types de cancer qui ne possèdent pas de mécanisme de réparation par « recombinaison homologue », ce qui est fréquemment observé dans le cancer du sein et de l’ovaire. 

Leurs travaux ont identifié l'ADN polymérase thêta (Polθ) comme un des facteurs clés impliqués dans ce processus de réparation pendant la mitose. Bien que son rôle soit essentiel à la survie des cellules cancéreuses, les mécanismes précis de cette voie récemment découverte restent encore largement à élucider.

Le cycle de vie des cassures d’ADN et des pistes thérapeutiques contre le cancer

A travers une approche multidisciplinaire, Raphaël Ceccaldi et son équipe visent à étudier les détails moléculaires qui régissent les cassures d’ADN qui surviennent pendant la mitose : leur formation, leur réparation, et leur transmission aux cellules filles.

Impulscience soutiendra l’équipe de Raphaël Ceccaldi en lui permettant de s’agrandir et d’acquérir un microscope à haute résolution. L’équipe pourra ainsi développer un projet ambitieux, qui a pour but de comprendre comment la stabilité du génome est maintenue pendant la mitose. Pour ce faire, elle explorera les voies qui empêchent la formation de cassures d’ADN, et étudiera les conséquences de la transmission de cassures non réparées aux cellules filles. 

In fine, ce projet permettra à l’équipe de Raphaël Ceccaldi d’identifier et de tester des cibles thérapeutiques susceptibles d’agir à différentes étapes du cycle de vie des cassures d’ADN mitotiques, afin d’améliorer et de mieux cibler les thérapies contre le cancer.

Raphaël Ceccaldi en quelques mots

Titulaire de deux doctorats, en pharmacie et en sciences, Raphaël Ceccaldi a poursuivi sa recherche sur le cancer lors d’un séjour post-doctoral au Dana-Farber Cancer Institute, Harvard Medical School (Etats-Unis). En 2018, il créé son équipe de recherche à l’Institut Curie, équipe dédiée à l’étude des mécanismes de réparation de l’ADN indispensables à la survie des cellules cancéreuses. L’ambition de Raphaël Ceccaldi et de son équipe est de disséquer ces voies moléculaires pour identifier de nouvelles cibles thérapeutiques et contribuer au développement de traitements innovants contre le cancer.

© Alexandre Darmon / Art in Research

Programme Impulscience

Impulscience attribue chaque année 7 nouveaux soutiens à des chercheuses et chercheurs en sciences de la vie. Concentré sur le milieu de carrière, ce programme a pour objectif de soutenir cette étape cruciale pour le développement des projets de recherche. 

Tous les lauréats du prix