Valérie Gabelica développe des outils de mesure qui bénéficient à toutes les disciplines s’intéressant aux acides nucléiques. Ces outils apportent les moyens techniques d’analyser les modifications chimiques qui régulent les fonctions de l’ADN et de l’ARN.

Pas de sciences sans mesures

Pourquoi, dans un même organisme, une cellule de la rétine est-elle si différente d’une cellule du foie ? Les deux possèdent pourtant, dans leur noyau, le même ADN, hérité des parents.

En fait, si les cellules de différents organes sont si distinctes autant dans leurs formes que dans leurs fonctions, c’est entre autre à cause de modifications chimiques qui s’accolent à l’ADN et à l’ARN. Ces modifications chimiques sont très diverses et les méthodes analytiques existantes peinent à toutes les cartographier. Pour remédier à ce manque, Valérie Gabelica développe, adapte et repousse les limites d’une technique de pointe : la spectrométrie de masse. Cette technique permet de mesurer précisément la masse des molécules afin de déterminer leur composition.

Valérie Gabelica - Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant 2021

Garder la forme

Les acides nucléiques qui composent l’ADN et l’ARN, en plus de s’orner de modifications chimiques, peuvent se replier les uns par rapport aux autres dans diverses formes serpentines. La plupart des méthodes d’analyses existantes dénaturent ces formes, faisant perdre aux chercheurs de précieuses informations. Les recherches de Valérie Gabelica visent à garder le contexte, et donc la forme de la séquence d’ADN ou d’ARN dans laquelle se trouve la modification. La lauréate a ainsi développé des protocoles d’analyse des acides nucléiques dans des conditions aussi proches que possible de l’in vivo, afin qu’ils conservent la forme qu’ils avaient dans la cellule.

De telles améliorations techniques révèlent la spatialité des modifications chimiques et permettent ainsi de repérer celles qui coopèrent ensemble. Cartographier ces synergies ouvrirait des voies thérapeutiques inimaginables aujourd’hui.

 

  • ​Valérie Gabelica, lauréate du Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant 2021, Directrice de recherche à l’Inserm, Laboratoire Arna à Bordeaux, cheffe de l'équipe « Spectrométrie de masse des acides nucléiques et des complexes supramoléculaires » à l'Institut Européen de Chimie et Biologie à Pessac, dans son laboratoire à Pessac, en juin 2021.
    ©Alexandre Darmon/Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller
  • ​Chercheuse de l’équipe de Valérie Gabelica, lauréate du Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant 2021, Directrice de recherche à l’Inserm, Laboratoire Arna à Bordeaux, cheffe de l'équipe « Spectrométrie de masse des acides nucléiques et des complexes supramoléculaires » à l'Institut Européen de Chimie et Biologie à Pessac, dans un laboratoire à Pessac, en juin 2021.
    ©Alexandre Darmon/Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller
  • ​Cette image est issue des travaux de recherche de l'équipe de Valérie Gabelica, lauréate du Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant 2021.
    ©Alexandre Darmon/Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller
  • Equipement dans un laboratoire à l'Institut Européen de Chimie et Biologie à Pessac, en juin 2021.
    ©Alexandre Darmon/Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller
  • Valérie Gabelica, lauréate du Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant 2021, Directrice de recherche à l’Inserm, Laboratoire Arna à Bordeaux, cheffe de l'équipe « Spectrométrie de masse des acides nucléiques et des complexes supramoléculaires » à l'Institut Européen de Chimie et Biologie à Pessac, dans son laboratoire à Pessac, en juin 2021.
    ©Alexandre Darmon/Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller
  • Equipement dans un laboratoire à l'Institut Européen de Chimie et Biologie à Pessac, en juin 2021.
    ©Alexandre Darmon/Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller
  • Equipement dans un laboratoire à l'Institut Européen de Chimie et Biologie à Pessac, en juin 2021.
    ©Alexandre Darmon/Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller
  • ​Cette image est issue des travaux de recherche de l'équipe de Valérie Gabelica, lauréate du Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant 2021.
    ©Alexandre Darmon/Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller

Le soutien de la Fondation

La dotation du Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant vient justement soutenir dans le laboratoire de Valérie Gabelica des projets extrêmement prometteurs pour le développement de thérapies ciblées.

L’un d’entre eux vise les promoteurs d’oncogènes, petites séquences d’ADN très fortement liées à l’apparition de cancers. Ces promoteurs sont l’objet de modifications chimiques et structurelles que Valérie Gabelica analysera avec les outils qu’elle développe. Les modifications sur ces promoteurs représentent en effet des cibles potentielles pour des médicaments anti-tumoraux plus efficaces et comportant moins d’effets secondaires.

Valérie Gabelica en quelques mots

Valérie Gabelica est avant tout chimiste. Sa thèse de doctorat, obtenue à l’Université de Liège en 2002, emploie déjà la spectrométrie de masse dans l’analyse des modifications structurelles d’acides nucléiques en réponse à des médicaments. Peu après son recrutement à l’Institut Européen de Chimie et de Biologie (IECB) de Pessac en 2011, elle démontre que le spectromètre de masse compacte l’ARN et l’ADN. Une révolution dans le domaine : tous les travaux de recherche basés sur cette technique – que l’on croyait jusque là sans effet sur la structure de ces molécules – doivent alors être réinterprétés ! Nommée directrice de l’institut bordelais en 2021, elle est aujourd’hui considérée comme la pionnière de la spectrométrie de masse des acides nucléiques. Elle est également reconnue pour ses contributions dans les domaines de la physico-chimie, la biophysique et la biologie moléculaire. Elle poursuit le développement d’approches techniques innovantes, à mettre au service de la communauté scientifique toute entière.

 

Portrait de Valérie Gabelica, lauréate du Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant 2021, Directrice de recherche à l’Inserm, Laboratoire Arna à Bordeaux, cheffe de l'équipe « Spectrométrie de masse des acides nucléiques et des complexes supramoléculaires » à l'Institut Européen de Chimie et Biologie à Pessac, en juin 2021. ©Alexandre Darmon/Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller
  • 2002 Doctorat à l’Université de Liège (Belgique)

  • 2002 ​Post-doctorat dans le laboratoire du Professeur Michael Karas à Institute of Pharmaceutical Chemistry à Frankfurt (Allemagne)

  • 2003 ​Post-doctorat dans le laboratoire du Professeur Edwin De Pauw à l’Université de Liège (Belgique)

  • 2005 Chercheuse dans le laboratoire de spectroscopie de masse à l’Université de Liège (Belgique)

  • 2013 Dotation du programme ATIP-Avenir, directrice de recherche, cheffe d’équipe laboratoire ARNA, à l’Institut Européen de Chimie et Biologie, Pessac

  • 2014 Consolidator grant, European Research Council (ERC)

  • 2021 Directrice de l’IECB, Inserm, Pessac, France

Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant

Le Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant récompense chaque année un chercheur de moins de 45 ans pour l’excellence de ses travaux et sa contribution remarquable à son domaine de recherche scientifique. Ce prix est attribué selon les années à un chercheur établi en France ou travaillant dans un autre pays d'Europe. Vingt-sept lauréats ont été récompensés depuis 1997. A partir de 2023, la dotation de ce prix récompense personnellement le lauréat à hauteur de 100 000 euros.

Tous les lauréats du prix