Engagée depuis plus de 30 ans dans l’univers de la recherche, la Fondation Bettencourt Schueller amplifie encore son action avec Impulscience, nouveau programme de soutien dédié aux grands talents français de la recherche en sciences de la vie. Dans le même temps, elle a commandité une importante étude* pour mieux connaître la relation des Français à la recherche fondamentale. Le détail des résultats avec Jean-Daniel Levy.

« Les Français accordent à la science une confiance quasi unanime. »

Votre étude met tout d’abord en lumière une fierté nationale ; le sentiment que la recherche française occupe une place d’excellence sur l’échiquier mondial.

C’est, en effet, l’un des résultats majeurs de notre enquête. Selon 83 % des Français interrogés, notre recherche joue un rôle important sur le plan international. Si 30 % estiment qu’elle est aujourd’hui moins puissante qu’il y a quelques années, son niveau est resté stable pour 25 %, et 44 % pensent même que son influence a progressé.

La reconnaissance se fonde-t-elle sur une connaissance approfondie de cet univers ? Les Français savent-ils en repérer les points forts, et les faiblesses ?

Ils avouent ne pas connaître en détail le secteur mais ils en sont suffisamment proches pour en désigner les principales qualités : le lien entre systèmes universitaire et hospitalier (41 %), le niveau scientifique de notre enseignement supérieur (36 %), la liberté de choisir les domaines de recherche (35 %), la sécurité de l’emploi (30 %). En revanche, la rémunération des chercheurs est considérée comme un atout par 22 % seulement des personnes interrogées.

  • Visite d’un laboratoire à l'Institut de génétique moléculaire de Montpellier (2021)
    © Alexandre Darmon/Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller
  • Visite d'un laboratoire à l'Institut Curie à Paris (2021)
  • Visite d'un laboratoire à l'Institut Curie à Paris (2021)
    ©Alexandre Darmon/Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller
  • Visite d'un laboratoire à l'Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire à Illkirch (2021)
    ©Alexandre Darmon/Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller

La récente pandémie a-t-elle modifié les représentations ?

Cette crise a participé à transformer le regard de nos compatriotes sur les sciences, même si certaines mutations étaient déjà à l’œuvre. La recherche occupe ainsi une place plus importante dans les préoccupations d’un tiers des Français. 29 % affirment avoir pris conscience de l’incertitude liée à la nature même de ce domaine, estimant que les chercheurs devraient être plus prudents dans leurs déclarations, même si 28 % affirment qu’ils ont une légitimité à exprimer publiquement leur désaccord. En dehors de ces effets liés à la pandémie, l’étude dévoile une tendance de fond. 87 % des Français accordent à la science une confiance quasi unanime. Celle-ci permet de penser l’avenir plutôt que le subir ; voilà ce que semblent dire nos compatriotes, s’inscrivant ainsi dans une dimension collective plutôt qu’individuelle.

Dans cet esprit, ils souhaitent voir les chercheurs occuper une place importante dans le débat public.

Cette volonté, quasi unanime, s’exprime à deux niveaux. Les Français attendent tout d’abord des chercheurs qu’ils jouent un rôle pédagogique ; qu’ils s’expriment publiquement sur des sujets de santé et les informent sur les grandes avancées de la science. Mais ils entendent aussi les voir jouer un rôle politique en conseillant les pouvoirs publics en matière de santé. Une majorité absolue déclare qu’il devrait s’agir d’un rôle prioritaire pour les chercheurs.

Tout ceci passe par une revalorisation de leur statut dans notre société. Les Français ont-ils conscience de cela ?

Plus que jamais ! Sept sur dix ont le sentiment que l’on ne donne pas, à la recherche, sa juste place dans notre pays. Une majorité affirme que notre société devrait penser le sujet sur le long terme, s’attachant notamment à la création de passerelles entre recherches fondamentale et clinique, publique et privée. 69 % soulignent que le secteur ne dispose pas de moyens suffisants pour relever ces défis, redoutant qu’une baisse de financement dans le futur contribue à une dégradation de la santé de la population française et, pour 43 %, de leur propre santé.

Les Français souhaitent donc une augmentation des moyens alloués…

84 % partagent cette volonté et celle-ci s’exprime de façon très précise, en termes d’amélioration des équipements des laboratoires (82 %), de création d’instituts de recherche (72 %) et d’augmentation des salaires des chercheurs (68 %).

Les pouvoirs publics sont-ils directement interpellés ?

L’Etat figure au premier rang des contributeurs attendus pour 93 % des Français ; suivi de l’Union européenne et des collectivités territoriales. Enfin, le secteur privé est désormais identifié comme un acteur-clé. Cette prise de position signe une profonde évolution des mentalités dans un pays qui n’avait jamais associé cet univers à l’intérêt général. Les choses ont changé et les Français misent désormais sur son implication, qu’il s’agisse d’entreprises ou de fondations privées.

*Cette enquête a été réalisée par Harris Interactive en août 2021 avec un échantillon de 1087 personnes, représentatif de la population française, âgées de 18 ans et plus. La méthode utilisée est celle des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région de l’interviewé(e).

Impulscience

Un nouvel et ambitieux programme de soutien à la recherche fondamentale. Soucieuse de soutenir la recherche française dans un monde où les avancées scientifiques constituent plus que jamais des enjeux fondamentaux pour notre société, la Fondation Bettencourt Schueller vient d’inaugurer un projet d’un genre nouveau, fruit d’une analyse précise des forces et faiblesses de cet univers.

Baptisé Impulscience, celui-ci permettra d’accompagner chaque année 7 chercheuses ou chercheurs d’exception, issus d’organismes publics français, qui auront été préalablement sélectionnés lors des appels à projet du Conseil européen de la recherche (ERC), mais dont les projets en science de la vie n’auront pas obtenu de financement pour cause de limitation budgétaire européenne.

Dans le cadre de ce nouveau programme, la Fondation accompagnera financièrement chaque projet sur une durée de 5 ans, et à hauteur de 2 millions d’euros, auxquels s’ajouteront la prise en charge des frais de gestion de l’institution d’accueil et une prime personnelle pour les chercheurs. Façon de leur donner le temps et la liberté nécessaires pour mener, dans de bonnes conditions, une recherche scientifique du meilleur niveau. Façon aussi de permettre à la recherche française de regagner la tête de la compétition internationale…

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