Le gouvernement vient de revoir à la hausse les ambitions de l’initiative « un jeune, un mentor », mise en place début 2021. Son objectif ? Amplifier le développement de ce dispositif plébiscité par toutes les associations qui luttent contre les inégalités sociales et scolaires. Explications, et regards croisés d’un jeune et de son mentor.

Le principe est simple, il se révèle redoutablement efficace. Baptisé mentorat, il consiste à demander à un étudiant, un actif ou à un retraité d’accompagner un jeune de milieu modeste durant sa scolarité pour lui apporter son expérience, son savoir-faire et son carnet d’adresses. Prévu pour une durée d’au moins six mois, ce suivi prévient le décrochage scolaire, participe à une meilleure orientation et facilite l’insertion professionnelle. Il permet surtout au jeune de nouer une relation sur-mesure avec un référent attentif et bienveillant, qui l’aidera à ouvrir ses horizons et développer sa confiance en soi - atout crucial pour une scolarité réussie. Initié dans les années 2000, le mentorat connait un succès grandissant, grâce à l’impulsion de nombreuses associations qui nouent notamment des partenariats avec des entreprises et des établissements scolaires, comme en atteste Ericka Cogne, directrice générale de Télémaque, créée en 2005 et pionnière dans le domaine. « Deux chiffres témoignent de l’ampleur pris par le mentorat ces dernières années. En 2016, nous accompagnions 250 jeunes, aujourd’hui plus de 1 600 ». Cette association a également réalisé un bilan de ses actions pour 2021, montrant que les jeunes, issus de territoires fragiles et ayant bénéficié de cet accompagnement, réussissaient mieux leurs études. Selon cette enquête, ils sont 100 % à avoir décroché le bac (94 % au niveau national) avec 87 % de mention (vs 64 %). En 2021 également, 98 % des filleuls Télémaque ont intégré l’enseignement supérieur après leur bac.

 

L’objectif, accompagner 200 000 jeunes en 2022

Conscient des bénéfices de la méthode, le Gouvernement lui a donné un nouvel élan début 2021 avec le lancement de la campagne « un jeune, un mentor » destiné à relever un ambitieux défi : atteindre le nombre de 100 000 jeunes mentorés (contre 25 000 en 2020). Pour accompagner ce changement d’échelle, le Gouvernement s’est engagé à financer à hauteur de 30 millions d’euros (puis 10 millions par an) les associations œuvrant sur le terrain, notamment Télémaque, France parrainages, ou l’Institut de l’engagement, également soutenues de longue date par la Fondation. Toutes font partie du Collectif Mentorat qui rassemble désormais une soixantaine d’associations travaillant ensemble à rendre le dispositif plus efficace et plus opérationnel encore, avec une mutualisation des bonnes pratiques, en France et à l’échelle européenne. Les établissements scolaires accueillent l’initiative avec un enthousiasme partagé par les entreprises qui sont de plus en plus nombreuses à participer à l’aventure. Plus de 1 000 sont désormais à la manœuvre, des TPE aux grandes entreprises du CAC 40. Une mobilisation bienvenue au lendemain des 2ème assises du mentorat en janvier dernier qui faisait un bilan (positif) de la première année d’expérience en définissant surtout les prochaines échéances. Les objectifs ? Accompagner 200 000 jeunes en 2022 !

 

Ils racontent…

Eric Thelly, responsable de clientèle patrimoniale chez Axa France.

« Je souhaitais m’engager dans un projet associatif et j’ai découvert via Axa, mon entreprise, la mission de Télémaque qui m’a d’emblée séduit. Donner confiance à un jeune, lui ouvrir des horizons qu’il se serait interdit d’envisager, l’aider à s’épanouir pour en faire un adulte bienveillant et responsable de son destin... J’ai tout de suite signé pour cela ! J’ai rencontré Karim en 2017 lorsqu’il était en 4ème et je l’ai accompagné 5 ans. Nous avons fait mille choses ensemble : des visites au musée, des déjeuners, des préparations de voyage linguistique (alors qu’il n’avait jamais quitté son quartier), des matchs de foot… Je l’ai suivi sur le plan scolaire en établissant un lien fort avec la famille (qui doit toujours adhérer au projet) et le référent de son établissement. Nous faisions des points réguliers sur ses résultats, la façon dont il se sentait à l’école et je crois lui avoir été utile à deux moments clé. Très vite, Karim m’a confié qu’il souffrait de harcèlement scolaire et j’ai beaucoup milité pour qu’il change d’établissement. Sa famille l’a inscrit en 3ème dans un nouveau collège et il a été transfiguré. En 1ère, alors qu’il envisageait des études scientifiques, il a découvert son envie de s’engager pour un idéal plus social. A sa demande, nous avons travaillé un nouveau projet d’orientation. Karim est aujourd’hui en double cursus droit et philosophie et se destine à la magistrature. Surtout, il est heureux et épanoui. »

Appel pour un droit au mentorat… 

En conclusion des récentes assises, le Collectif Mentorat a lancé une grande campagne de sensibilisation du public. Un « appel pour le droit au mentorat » destiné aux candidats à l’élection présidentielle et relayé par tous ceux qui œuvrent pour une France plus solidaire et fraternelle.

Site internet Le Mentorat