Et si surveiller le sommeil des bactéries pouvait aider à sauver des vies ? Depuis plusieurs années, Mathilde Guzzo cherche à identifier les mécanismes qui les amènent à changer d'état en fonction de leur environnement. Elle compte bien dessiner ainsi l'avenir des traitements contre les infections bactériennes.

Les bactéries dormantes à l'origine d'infections chroniques

Comme les autres organismes, les bactéries perçoivent les changements dans leur environnement. Elles y répondent en mettant en place des stratégies adaptées pour survivre. Elles sont notamment capables de rentrer dans un état dit de "dormance", c'est-à-dire qu'elles ne se multiplient pas. Dans le cas de bactéries pathogènes, cet état peut survenir lorsqu'elles infectent un hôte. Or, les bactéries dormantes sont plus résistantes aux traitements antibiotiques. Elles peuvent alors provoquer chez l'hôte des maladies chroniques ou des infections récurrentes. Comprendre les raisons qui amènent à ces changements d'état apparaît donc comme un enjeu essentiel dans la lutte contre les infections bactériologiques.

Mathilde Guzzo - Dotation du Programme ATIP-Avenir 2021

Comprendre les décisions des bactéries

La dotation ATIP-Avenir 2021 permettra à Mathilde Guzzo de créer sa propre équipe de recherche. Aux côtés d'autres talents scientifiques, elle cherchera à mieux comprendre les changements d'état des bactéries. En effet, lorsqu'elles ne sont pas en dormance, les bactéries ont une vie mouvementée. Plusieurs facteurs, comme l'absence de nutriments, peuvent "endormir" une bactérie. Si les conditions redeviennent favorables, les bactéries dormantes se transforment afin d'être préparées à la division. C’est ce que l'on appelle la différenciation.

Vers une meilleure compréhension des infections

La bénéficiaire de la dotation explorera ce qui amène les bactéries à passer d'un état à l'autre. Elle observera d'abord "Caulobacter crescentus". Cette habitante des rivières non pathogène a la particularité de se diviser en deux cellules filles très différentes l'une de l'autre. Dans un second temps, elle s'intéressera à la bactérie pathogène "Brucella abortus", responsable de la brucellose chez le bovin et l'humain. L'étude de son comportement permettra à la chercheuse d'ouvrir la voie vers une meilleure compréhension des infections bactériologiques.

Mathilde Guzzo en quelques mots

Mathilde Guzzo est ingénieure en biochimie et biotechnologie. En 2008, elle effectue son premier stage dans un laboratoire de recherche. C'est le début de 14 ans de recherche sur les bactéries. Étude de leurs moyens de locomotion, développement de tests adaptés pour les détecter, industrie vinicole et alimentaire, production de polymères...

Au sein du laboratoire de Tâm Mignot, à Marseille (CNRS), elle écrit une thèse sur la bactérie Myxococcus xanthus. Elle y décrit les mécanismes cellulaires fascinants qui permettent à cet organisme de changer de direction lorsqu'il se déplace. Elle rejoint ensuite le MIT (États-Unis) et se penche sur la division cellulaire de Caulobacter crescentus, dont elle continue aujourd'hui à percer les mystères.

  • 2015 Doctorat en microbiologie à l’Université Aix-Marseille

  • 2016 Post-doctorat dans le laboratoire de Michael Laub au Massachusetts Institute of Technology (MIT), Cambridge (États-Unis)

  • 2017 Bourse post-doctorale, Human Frontier Science Program (HFSP)

  • 2021 Dotation du programme ATIP-Avenir, Fondation Bettencourt Schueller

Dotation du programme ATIP-Avenir

Depuis 2005, la Fondation Bettencourt Schueller est partenaire du programme Avenir de l’Inserm. En 2009, le programme Avenir a fusionné avec le programme ATIP de l’INSB du CNRS. La Fondation soutient depuis le programme ATIP-Avenir qui favorise le retour ou l’installation en France de jeunes chercheurs de très haut niveau, porteurs d’un projet de recherche de qualité exceptionnelle, et désireux de créer leur propre équipe.

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