Fondé par l’entrepreneur Eric Mestrallet et soutenu par la Fondation Bettencourt Schueller, le réseau Espérance banlieues fête cette année ses dix ans et la création de 17 écoles, toutes situées dans des quartiers défavorisés et dédiées à la lutte contre l’échec scolaire. 

Les anniversaires sont toujours des moments très symboliques, l’occasion de mesurer le chemin parcouru et de lancer de nouveaux défis... Voilà dix ans, Eric Mestrallet inaugurait une première école dans l’un des quartiers les plus sensibles de Montfermeil (Seine-Saint-Denis), avec la volonté d’offrir une pédagogie alternative pour lutter contre l’échec scolaire et favoriser la cohésion sociale. Dix ans plus tard, le réseau Espérance banlieues se déploie autour de 17 établissements répartis dans toute la France, et connait un succès qui ne se dément pas.

« Nos écoles accueillent les élèves dès la maternelle et jusqu’en troisième avec le même objectif. Intervenir au plus tôt pour permettre aux enfants de se construire de façon harmonieuse, sur le plan scolaire et social, explique Eric Mestrallet. On parle beaucoup de l’école de la deuxième chance. Notre volonté est de bâtir l’école de la première chance ». 

Le respect des programmes mais une pédagogie sur mesure.  

Dans cet esprit, le modèle éducatif mis en place par Espérance banlieues repose sur quatre piliers fondateurs : des classes à effectifs réduits (moins de 15 élèves), un enseignement personnalisé, un principe de coéducation avec les familles et une transmission des repères culturels pour favoriser l’intégration dans la société. Autant de principes déclinés par des équipes pédagogiques largement constituées d’enseignants de l’éducation nationale en quête d’une plus grande indépendance. « Nos écoles fonctionnent selon un statut « hors contrat », qui donne davantage de liberté aux enseignants dans le choix des méthodes et des manuels, précise Eric Mestrallet. Nous respectons les programmes de l’éducation nationale mais nous les adaptons au niveau de nos élèves. »

« Nous renforçons les apprentissages fondamentaux (français, maths et histoire), nous privilégions des pédagogies éprouvées au sein d’Espérance banlieues : Montessori, méthode de Singapour pour les maths… Les enfants bénéficient d’un enseignement classique mais personnalisé, avec une programmation sur mesure de leur travail. »

  • Enfant et éducatrice dans une salle de classe du Cours Eric Tabarly, une école du réseau Espérance banlieues de Toulon, lors d'une journée avec les professeurs et les parents d’élèves, en décembre 2022.
    © Guillaume Binet/Agence MYOP pour la Fondation Bettencourt Schueller
  • Enfants dans le préau du Cours Eric Tabarly, une école du réseau Espérance banlieues de Toulon, lors d'une journée avec les professeurs et les parents d’élèves, en décembre 2022.
    © Guillaume Binet/Agence MYOP pour la Fondation Bettencourt Schueller
  • Enfants dans une salle de classe du Cours Eric Tabarly, une école du réseau Espérance banlieues de Toulon, lors d'une journée avec les professeurs et les parents d’élèves, en décembre 2022.
    © Guillaume Binet/Agence MYOP pour la Fondation Bettencourt Schueller
  • Enfants dans le préau du Cours Eric Tabarly, une école du réseau Espérance banlieues de Toulon, lors d'une journée avec les professeurs et les parents d'élèves, en décembre 2022.
    © Guillaume Binet/Agence MYOP pour la Fondation Bettencourt Schueller

Des résultats scolaires supérieurs à la moyenne nationale. 

L’approche se veut également communautaire, les plus forts aidant les plus faibles, ce qui renforce l’investissement de tous. Parallèlement aux apprentissages, les enseignants travaillent à développer le respect de l’autre et le sens de l’effort, misant sur une discipline positive dans laquelle les enfants construisent et s’approprient eux-mêmes les règles, en collaboration avec les familles. Dans un esprit de cohésion, les élèves portent un uniforme (un sweat shirt et une chemise blanche) et participent chaque semaine à une grande réunion devant les drapeaux français et européen pour faire le point sur la vie de l’école et saluer les réussites de chacun. 

Une expérience qui porte ses fruits puisque, selon les enquêtes menées au fil de ces 10 années, les élèves du réseau obtiennent des résultats supérieurs à la moyenne nationale (dans les quartiers populaires équivalents) lors des évaluations de CP, CE1 et sixième. Mieux encore, les scores de réussite au brevet s’établissent à 90 % contre 50 % dans les écoles des mêmes quartiers. Autant de critères qui expliquent la volonté de nombreux parents d’inscrire leurs enfants dans l’un des établissements du réseau. « Les familles qui nous rejoignent sont, pour une bonne part, d’origine étrangère, certains enfants sont en décrochage scolaire mais nous recrutons également dans d’autres milieux et nous tenons à une mixité » explique Eric Mestrallet. Dans tous les cas, les familles participent au fonctionnement de l’école à raison de 50 à 80 euros par mois (selon les écoles). Pour le reste, le réseau est financé grâce au soutien de fondations familiales, d’entreprise et le développement d’autres formes de dons, comme l’arrondi solidaire sur salaire ou en caisse. 

Bientôt deux autres écoles, à Bordeaux et à Cannes 

Fort de cette réussite, Espérance banlieues entend amplifier ses actions. A l’occasion de ses dix ans, le réseau a organisé, en janvier dernier, un colloque au Palais du Luxembourg à Paris baptisé « L’école, première petite société ». Réunissant un parterre de spécialistes (chercheurs en sciences de l’éducation, inspecteur d’académie, membres d’associations…), l’événement a été l’occasion de partager une expérience qui peut nourrir les réflexions du moment sur l’éducation en France. Pour aller plus loin dans la communication au sein du réseau, les équipes se réunissent régulièrement pour des séminaires de formation, des échanges de bonnes pratiques et des ateliers institutionnels autour de la gestion des établissements et la croissance d’Espérance banlieues.

« Pour les dix prochaines années, notre objectif est d’essaimer l’expérience en créant de nouvelles écoles. Nous sommes régulièrement contactés par des gens de la société civile qui souhaitent déployer notre modèle. »

« Nous leur proposons une préparation de 24 mois pour les aider à structurer leur projet, rechercher des fonds, recruter l’équipe enseignante… Lorsque toutes les conditions sont réunies, ils bénéficient du label Espérance banlieues avant de signer une convention avec le réseau. Un parcours réussi cette année puisque Espérance banlieues va s’enrichir de deux nouveaux établissements à l’horizon 2023- 2024, à Bordeaux et à Cannes ».

Autant d’occasions de se réjouir et de célébrer cette décennie, ce que chaque établissement s’est attaché à faire au fil de l’année avec de multiples événements ouverts à tous. Création d’un jeu de société grandeur nature sur le thème de l’astronomie à Poissy, d’une mini-cité des sciences à Mantes-la-Jolie ou découverte de la mer lors d’une régate à Toulon… Chaque élève a eu l’occasion de s’accomplir dans un défi artistique, sportif, scientifique ou littéraire. Et de fêter dignement ce bel anniversaire.

J'ai 10 ans ! Réseau Espérance banlieues

Solidarité

S’engager aux côtés d’hommes et de femmes qui tentent de relever les défis auxquels notre société est confrontée et les aider à construire ou développer des solutions associatives efficaces pour le bien commun, telle est l’action...