Vivre et Travailler Autrement, un exemple réussi d’insertion professionnelle de personnes autistes en milieu ordinaire.

Les personnes avec autisme : un vivier de talent à valoriser

Beaucoup d’employeurs ignorent les atouts qu’une personne avec autisme peut offrir à l’entreprise. Le constat est sans appel : en France, seuls 3 % des 350 000 adultes autistes en âge de travailler ont accès à un emploi en milieu ordinaire. Pourtant, quel employeur ne voudrait pas pour son entreprise d’un salarié fiable, ponctuel, loyal, attentionné aux moindres détails, et doté d’excellentes capacités de concentration ou de résolution de problèmes ? Et nous ne parlons pas ici uniquement des personnes autistes avec un haut potentiel.

Lutter contre les préjugés et favoriser l’insertion professionnelle des adultes autistes, c’est l’engagement de Jean-François Dufresne, directeur général d’Andros et père d’un enfant autiste, lorsqu’il créé l’association Vivre et Travailler Autrement en 2016. Son discours dénote : « Il faut arrêter d’assister les personnes autistes ; si elles veulent exister, il faut les faire travailler et elles en sont capables ». Une condition bien sûr, leur fournir un accompagnement adapté et un projet de vie stimulant autour de leur travail. C’est le projet du dispositif pilote qu’il créé à Auneau, au sein des usines Andros. Une démarche inédite d’inclusion professionnelle associant l’entreprise, les pouvoirs publics et des acteurs du secteur médico-social.

  • Equipe de salariés dans les usines d’Andros à Auneau.
  • Activités à la Maison du Parc, où sont accueillis les adultes autistes salariés des usines d'Andros à Auneau.
  • Equipe de salariés dans les usines d’Andros à Auneau.

Un dispositif expérimental qui fait ses preuves

Huit adultes autistes, en CDI, travaillent chaque matin dans les usines d’Andros à Auneau. Leurs postes sont adaptés mais ils effectuent les mêmes tâches que les autres salariés de l’entreprise. Le reste du temps, ils sont accueillis à la Maison du Parc, pour des activités socio-éducatives, de loisirs ou la vie quotidienne (sport, médiation artistique, course et préparation des repas…). Ces activités encadrées et adaptées ont pour but de les aider à progresser en autonomie et en habileté sociale. Certains d’entre eux y sont logés. Grâce à leur salaire, ils peuvent payer leur loyer.

Ce projet est une réussite totale : les salariés autistes s’épanouissent dans leur travail, ils apprécient les tâches répétitives et se sentent enfin utiles et intégrés à la société. L’entreprise qui les emploie bénéficie de leurs remarquables capacités pour certains postes de travail : « les salariés autistes sont au moins aussi efficaces que les employés dits ordinaires » salue Jean-François Dufresne. Et leur présence renforce la cohésion interne au sein de l’entreprise et apporte un sentiment de fierté aux autres salariés de l’usine. Ce projet bénéficie enfin à l’ensemble de la société, notamment par des coûts de prise en charge nettement inférieurs à une prise en charge « classique » au sein d’institutions spécialisées (30 000 euros contre 100 000 euros en moyenne par an).

Un modèle à essaimer

Forte de ce projet pilote réussi, l’association souhaite reproduire l’expérience dans d’autres territoires et convaincre d’autres entreprises et acteurs publics de se lancer dans l’aventure. Grâce au soutien de la Fondation Bettencourt Schueller, l’association s’est engagée dans un processus d’essaimage du projet, en accompagnant les acteurs prêts à s’engager (modélisation du dispositif, étude de faisabilité auprès d’entreprises et de financeurs publics potentiels, groupe de travail de transfert de leur savoir-faire…).

Les premiers résultats sont très positifs : deux nouvelles entreprises vont lancer les premiers recrutements à la fin de l’année, deux autres sont en bonne voie pour lancer le dispositif. Aujourd’hui, ce sont 8 autistes qui ont la chance de bénéficier de ce dispositif d’exception, à terme il doit inclure des centaines, ou des milliers d’entre eux.

Fondation AMIPI Bernard Vendre