Peut-on mettre les métastases cancéreuses au régime ? C'est ce que souhaiterait Salvador Aznar Benitah. Il a en effet découvert que la consommation de certaines graisses stimule directement la formation de métastases. Ses travaux pourraient faire avancer la recherche thérapeutique dans la lutte contre le cancer.

Pourquoi les cellules cancéreuses colonisent-elles le corps humain ?

Les métastases sont la cause de 93 % des décès liés au cancer. Mais de quoi parle-t-on, exactement ? Les métastases sont des proliférations de cellules cancéreuses en dehors de leur tissu d’origine. Lorsqu’elles s’échappent, les cellules attaquent d’autres organes du corps. Cette « colonisation » est extrêmement redoutée, puisque c'est elle qui mène à la généralisation du cancer et à ce si grand nombre de décès.

Déterminer comment et pourquoi des métastases se forment dans le corps humain est essentiel dans la lutte contre le cancer. Apporter des réponses précises à ces questions pourrait changer du tout au tout l'approche thérapeutique adoptée dans le traitement de ces cas.

C Fondamental - Salvador Aznar Benitah

Les graisses saturées, péché mignon des cellules métastatiques

Salvador Aznar Benitah a pu établir une relation directe entre la consommation de certaines graisses et la formation de métastases. En étudiant le comportement de ces cellules, Salvador Aznar Benitah a mis en évidence qu’une alimentation trop riche en graisses saturées est un facteur de risque avéré, non seulement pour la santé, mais aussi pour la progression du cancer.

Ses travaux lui ont permis d’identifier un marqueur protéique qui pourrait jouer un rôle dans l’absorption des graisses, et donc avoir un impact sur la prolifération des cellules cancéreuses. Le chercheur a ainsi démontré qu'un bon équilibre alimentaire permet de contenir la progression des tumeurs, mais aussi simplement de retarder le vieillissement des cellules.

  • Portrait de Salvador Aznar Benitah, lauréat du Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant 2020, Directeur de recherche à l’Institut catalan de recherche et d’études avancées (ICREA) et Professeur à l’Institut de recherche en biomédecine (IRB) à Barcelone, dans son laboratoire de l’IRB à Barcelone, en septembre 2020.
    ©Alexandre Darmon/Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller
  • Cette image est issue des travaux de recherche de l'équipe de Salvador Aznar Benitah, lauréat du Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant 2020.
    ©Alexandre Darmon/Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller
  • Chercheur de l’équipe de Salvador Aznar Benitah, lauréat du Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant 2020, Directeur de recherche à l’Institut catalan de recherche et d’études avancées (ICREA) et Professeur à l’Institut de recherche en biomédecine (IRB) à Barcelone, dans son laboratoire de l’IRB à Barcelone, en septembre 2020.
    ©Alexandre Darmon/Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller
  • Portrait de Salvador Aznar Benitah, lauréat du Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant 2020, Directeur de recherche à l’Institut catalan de recherche et d’études avancées (ICREA) et Professeur à l’Institut de recherche en biomédecine (IRB) à Barcelone, dans son laboratoire de l’IRB à Barcelone, en septembre 2020.
    ©Alexandre Darmon/Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller
  • Laboratoire de l’Institut de recherche en biomédecine (IRB) à Barcelone, en septembre 2020.
    ©Alexandre Darmon/Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller
  • Chercheur de l’équipe de Salvador Aznar Benitah, lauréat du Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant 2020, Directeur de recherche à l’Institut catalan de recherche et d’études avancées (ICREA) et Professeur à l’Institut de recherche en biomédecine (IRB) à Barcelone, dans son laboratoire de l’IRB à Barcelone, en septembre 2020.
    ©Alexandre Darmon/Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller
  • Flacons dans le laboratoire de l’Institut de recherche en biomédecine (IRB) à Barcelone, en septembre 2020.
    ©Alexandre Darmon/Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller
Salvador Aznar Benitah - Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant 2020

Le soutien de la Fondation

Dans son laboratoire, Salvador Aznar Benitah associe recherche fondamentale en biochimie et nouvelles technologies afin de mettre au point des thérapies anti-métastatiques innovantes. Le Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant lui permettra de progresser dans sa recherche sur le mécanisme des métastases et la manière dont l’alimentation agit sur leur comportement.

Le chercheur est convaincu qu'au-delà de l'alimentation, de nouvelles thérapies qui auraient pour but de bloquer l'entrée des acides gras dans les cellules sont possibles. Au-delà des applications directes, il poursuivra sa démarche de recherche fondamentale, pour comprendre la manière dont les cellules se coordonnent, évoluent, et parfois dysfonctionnent au sein de l'organisme.

Salvador Aznar Benitah en quelques mots

Salvador Aznar Benitah s'intéresse très tôt à l'étude du comportement des cellules souches adultes. Il effectue son post-doctorat dans le laboratoire de Fiona Watt, au Centre de Recherche du Cancer, à Londres. En 2007, il crée son propre laboratoire au Centre de régulation génomique de Barcelone et devient professeur de biomédecine en 2012. Il est chef de groupe à l’Institut de recherche en biomédecine de Barcelone depuis 2013.

Salvador Aznar Benitah est une référence internationale pour ses travaux sur les altérations moléculaires des cellules souches adultes de l’épiderme, à l’origine du vieillissement et de certains cancers. Il a découvert que les cellules souches, régulées par un rythme circadien, se reprogramment au cours de la vie pour faire face aux troubles liés à l’âge. Le chercheur a aussi fondé Ona Therapeutics. Cette société de biotechnologies développe des thérapies qui ciblent le métabolisme lipidique. Il travaille sur un procédé qui permettra d’inhiber les cellules à l’origine des métastases, un enjeu thérapeutique majeur dans la lutte contre le cancer.

  • 2003 Doctorat en oncologie moléculaire, Université libre de Madrid (Espagne)

  • 2006 Post-doctorat dans le laboratoire du Professeur Fiona Watt au Cancer Research UK à Londres (Royaume-Uni)

  • 2007 Chef de groupe junior dans le laboratoire des cellules souches et du cancer au Centre de régulation génomique (CRG) à Barcelone (Espagne)

  • 2013 Chef de groupe senior à l’Institut de recherche en biomédecine (IRB) à Barcelone (Espagne)

  • 2018 ERC Advanced grant, Conseil européen de la recherche

  • 2020 Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant

Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant

Le Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant récompense chaque année un chercheur de moins de 45 ans pour l’excellence de ses travaux et sa contribution remarquable à son domaine de recherche scientifique. Ce prix est attribué selon les années à un chercheur établi en France ou travaillant dans un autre pays d'Europe. Vingt-sept lauréats ont été récompensés depuis 1997. A partir de 2023, la dotation de ce prix récompense personnellement le lauréat à hauteur de 100 000 euros.

Tous les lauréats du prix