Certains de nos gènes peuvent être réduits au « silence ». Olivier Voinnet a découvert que ce processus, appelé l’interférence à ARN, est une manifestation naturelle d’un mécanisme de défense antivirale chez les plantes et les animaux. Ses recherches révolutionnent la biologie moléculaire.

 

Des messagers réduits au silence

Dans notre corps, les ARN messagers, ou acides ribonucléiques, forment une sorte d'interface entre les gènes et la production de protéines, qui contrôle de nombreuses fonctions du corps. Autrement dit, ils peuvent être vus comme des « messagers », des décodeurs du message de l'ADN. Ce qu'on appelle ARN « interférent », c'est un ARN dont l'interférence avec un autre ARN messager spécifique peut conduire à sa dégradation.

Si c'est le cas, l'ARN messager ne peut pas transmettre son message : on dit qu'il est réduit au « silence ». Cette interférence fait partie de l’arsenal que possèdent les cellules pour réguler leur fonctionnement et se défendre contre les intrusions. Un mécanisme particulièrement utile dans le combat contre les virus, qui fonctionnent en introduisant leur ARN dans la cellule-hôte.

Dessiner l'avenir des traitements antiviraux

Les recherches d'Olivier Voinnet se sont concentrées sur ce phénomène crucial pour le développement de traitements antiviraux. Il a notamment découvert au fil de ses observations que, chez les plantes, des microARN défensifs peuvent se propager d’une cellule à l’autre, dans tout l’organisme, en réponse à une infection virale localisée.

Le chercheur a également bouleversé le domaine de la virologie lorsqu’il a démontré que les virus contrecarrent la réponse de silencing de l’organisme infecté. Ils sont en effet capables de produire des protéines qui en inhibent le mécanisme.

Le soutien de la fondation

La Fondation Bettencourt Schueller a récompensé Olivier Voinnet pour l’ensemble de ses travaux en biologie végétale. Ceux-ci embrassent un spectre qui dépasse de très loin la botanique. Les microARN dont il étudie le mode d’action existent en effet également chez les mammifères et jouent un rôle prépondérant dans la protection contre le cancer et d’autres pathologies graves.

Le Prix Liliane Bettencourt a été décisif pour permettre à Lionel Navarro et Peter Brodersen, deux chercheurs post-doctorants du laboratoire d’Olivier Voinnet, de maintenir leur activité. Il leur a permis de publier douze articles de très haut niveau.

Olivier Voinnet en quelques mots

Dès son master, Olivier Voinnet se spécialise en biologie moléculaire et pathologie des plantes. Il veut comprendre les curieuses extinctions de gènes qui surviennent au cours de manipulations sur des plantes transgéniques.

Lors de son doctorat, il fait une découverte révolutionnaire : des signaux spécifiques de certaines séquences d'ADN se répandent au travers de la plante, pour éteindre des gènes. Il démontre que ce silencing sert à immuniser les cellules naïves contre une infection virale présente dans la plante. Il découvre aussi que la plupart des virus produisent des suppresseurs de la réponse de silencing.

 

  • 2001 ​Doctorat en sciences, laboratoire du Docteur David Baulcombe, Sainsbury Laboratory, John Innes Centre, Norwich (Royaume-Uni)

  • 2002 Chargé de recherche au CNRS

  • 2002 Chef d’équipe Biologie d’ARN, Institut de biologie moléculaire des plantes, Strasbourg

  • 2004 Médaille de bronze du CNRS

  • 2007 Médaille d'argent du CNRS

Assurer l’avenir de la recherche en biologie végétale en France

Parmi les chercheurs les plus talentueux de sa génération, Olivier Voinnet a choisi la plante Arabidopsis thaliana comme modèle d’étude. Son objectif : élucider un processus fondamental de régulation génétique dont les implications défensives et régulatrices sont multiples en santé humaine...

Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant

Le Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant récompense chaque année un chercheur de moins de 45 ans pour l’excellence de ses travaux et sa contribution remarquable à son domaine de recherche scientifique. Ce prix est attribué selon les années à un chercheur établi en France ou travaillant dans un autre pays d'Europe. Vingt-sept lauréats ont été récompensés depuis 1997. A partir de 2023, la dotation de ce prix récompense personnellement le lauréat à hauteur de 100 000 euros.

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