Le Prix Bettencourt Coups d'élan pour la recherche française 2020 récompense Marie Manceau, chercheuse en biologie du développement, pour ses recherches sur les variations de motifs du plumage des oiseaux.

Des multiples variations du plumage des oiseaux

La répartition des pigments, des poils, des plumes ou des écailles forme sur la peau des vertébrés des motifs géométriques variés. Ces champs de pois, de rayures ou de polygones sont essentiels à la survie des animaux, procurant capacité de vol ou camouflage. Malgré leur importance, les mécanismes établissant ces motifs pigmentaires chez l’embryon restent un mystère. Au sein de l’équipe « Formation et évolution des motifs cutanés » au Collège de France, Marie Manceau et ses collègues développent une stratégie novatrice pour répondre à cette question fondamentale : l’étude de la variation entre différentes espèces d’oiseaux.

Le projet de recherche, soutenu par le Prix Bettencourt Coups d’élan pour la recherche française, permettra d’approfondir l’étude des motifs du plumage. En effet, Marie Manceau et son équipe projettent de décrire la géométrie formée par les bourgeons de plume apparaissant dans la peau, en utilisant des espèces aussi diverses que la caille, le poulet, le passereau diamant mandarin, l’émeu, l’autruche ou le manchot papou. Des modèles mathématiques seront ensuite créés pour reproduire de façon théorique les dynamiques de mise en place de ces différentes géométries chez l’embryon.

En parallèle, la variation entre espèces des dynamiques cellulaires et biomécaniques en place dans la peau sera décrite grâce à des techniques d’imagerie. Trouver des thèmes communs dans la variation, les modéliser et les corréler aux différentes dynamiques cellulaires, permettra d’identifier des signaux pouvant jouer un rôle dans la formation des motifs de bourgeons de plume. Ces signaux seront ensuite testés directement chez l’oiseau dont l’accès aisé à l’œuf fertilisé offre de vastes possibilités d’études fonctionnelles.

L’équipe a déjà démontré l’efficacité de cette méthode particulière. Son utilisation dans le groupe aviaire des volailles a permis l’identification de l’origine embryonnaire des rayures périodiques de couleur qui ornent le plumage des poussins. Au delà de ces animaux, cette étude a éclairé l’évolution des motifs pigmentaires, gardant des fondations communes nées de contraintes développementales.

Le soutien de la Fondation

Le Prix Bettencourt Coups d’élan pour la recherche française financera l’acquisition d’un système d’imagerie dite confocale permettant de visualiser en temps réel les dynamiques cellulaires dans la peau des embryons aviaires. Ce soutien consolidera Marie Manceau et son équipe dans leur statut de pionniers dans les études de formation des motifs par la biodiversité.

« Les motifs cutanés qui parent les animaux sont aussi divers qu'ordonnés ; un paradoxe qui fascine aussi bien les mathématiciens que les biologistes ! » Marie Manceau

  • Chercheuse de l’équipe de Marie Manceau, lauréate du Prix Bettencourt Coups d'élan pour la recherche française 2020, directrice de recherche au CNRS, chercheuse en biologie du développement au Centre interdisciplinaire de recherche en biologie, dans un laboratoire au Collège de France en septembre 2020.
    ©Alexandre Darmon/Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller
  • Marie Manceau, lauréate du Prix Bettencourt Coups d'élan pour la recherche française 2020, directrice de recherche au CNRS, chercheuse en biologie du développement au Centre interdisciplinaire de recherche en biologie, dans un laboratoire au Collège de France, en septembre 2020.
    ©Alexandre Darmon/Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller
  • Classeur avec des spécimens dans un laboratoire du Centre interdisciplinaire de recherche en biologie au Collège de France en septembre 2020.
    ©Alexandre Darmon/Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller
  • Œufs de certaines espèces d'oiseaux étudiés par Marie Manceau et son équipe au sein d'un laboratoire du Centre interdisciplinaire de recherche en biologie au Collège de France, en septembre 2020.
    ©Alexandre Darmon/Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller

Marie Manceau en quelques mots

Marie Manceau est biologiste, avec une double expertise en biologie du développement et de l’évolution.

Pendant son doctorat à l’Institut de Biologie du Développement de Marseille dans le laboratoire du Professeur Marcelle, elle s’intéresse au développement précoce du muscle chez l’oiseau. Elle découvre que les cellules souches musculaires, embryonnaires et adultes, ont la même origine. Lors de son séjour post-doctoral à l’Université d’Harvard dans le laboratoire du Professeur Hoekstra, elle a démontré que les motifs pigmentaires des rongeurs évoluent rapidement grâce à des modifications embryonnaires précédant l’apparition des pigments.

En 2013, soutenue par le programme ATIP-Avenir, Marie Manceau monte son équipe de recherche indépendante au Centre interdisciplinaire de recherche en biologie du Collège de France, sous tutelle conjointe du CNRS et de l’Inserm. En 2015, elle entre au CNRS comme chargée de recherche. Elle est promue directrice de recherche en 2020.

Portrait de Marie Manceau, lauréate du Prix Bettencourt Coups d'élan pour la recherche française 2020, directrice de recherche au CNRS, chercheuse en biologie du développement au centre interdisciplinaire de recherche en biologie, au Collège de France, en septembre 2020. ©Alexandre Darmon/Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller

Prix Bettencourt Coups d’élan pour la recherche française

Le Prix Coups d’élan pour la recherche française a été créé par la Fondation en 2000, il a récompensé 78 laboratoires français et plus de 900 chercheurs ont bénéficié de ce prix. Jusqu'en 2021, ce prix était attribué chaque année à quatre équipes de recherche, relevant de l’Inserm et de l’Institut des sciences biologiques du CNRS. La dotation du prix était de 250 000 euros par laboratoire lauréat.

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